1990 - 2024: 34 ANS DE COMBAT CONTRE LA DICTATURE ET LA MALGOUVERNANCE AU CAMEROUN - 1990 - 2024: 34 YEARS OF FIGHTING AGAINST DICTATORSHIP AND BADGOVERNANCE IN CAMEROON

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Samuel Eto'opar E. F. FOPOUSSI, SDF Shadow Ministre de l'Economie et des Finances

Depuis quelques jours que Samuel Eto’o Fils a été élu à l’issue d’une assemblée générale élective, nouveau président de la Fédération camerounaise de football (Fecafoot), aussi bien dans les réseaux sociaux que dans les médias classiques, les avis vont dans tous les sens. Néanmoins on peut retenir quelques grands traits.

D’abord l’audace de la jeunesse qui a triomphé de tous les obstacles, y compris légaux. C’est d’abord l’épouvantail de la double nationalité que le régime maintient sur la tête de la diaspora, l’une de ses bêtes noires, depuis plus de soixante ans, pour l’exclure du jeu politique local. Samuel Eto’o a vaincu le signe indien qui a terrassé des prédécesseurs aussi célèbres et tenaces que Mongo Beti, Joseph Antoine Bell, Prince Ndedi Eyango etc. C’est aussi le défi de se battre contre le sortant en croyant a ses chances dans un système qui a théorisé le leçon machiavélienne qu’on n’organise pas une élection pour la perdre. C’est également l’irrespect caractérisé et risqué envers une classe politique gouvernante qui, malgré le fait que Eto’o l’a toujours soutenue pendant les moments difficiles comme lors des élections présidentielles de 2018, a mobilisé ouvertement ses principaux barons pour faire campagne contre lui.

Pour résumer cette audace Haman Mana le Directeur de publication du journal Le Jour, dans son éditorial du 13 décembre 2021, a ecrit ceci : “ton insolence, ton envie de briller, ton c￴ôté audacieux et prétentieux. Eh bien, tous ces épithèques sont des qualités. Et ce sont tes qualités, les qualités qui manquent à la jeunesse camerounaise pour prendre conscience de sa force et prendre sa part de responsabilité dans ce pays qui s’en va en quenouille. Pour faire avancer notre pays, on a besoin de jeunes irrespectueux ».

Au-delà des flots d’hommage aux qualités exceptionnelles de l’homme Eto’o, on a aussi noté l’utilisation par le magistrat Schlik, président de la commission électorale, du bulletin unique pendant ce scrutin, instrument de transparence unanimement reconnu dans le monde que le régime a jusqu’ici combattu fermement et juste au moment où il figure en bonne place dans les propositions qu’une coalition des principaux partis d’opposition et de la société civile vient de rendre public. Au finish, le dernier processus électoral à la Fécafoot, bien que n’ayant certes pas été parfait, a contenu plusieurs éléments positifs qui, transposés aux élections nationales sont de nature à réduire les possibilités de contestations.

Mais est-ce suffisant pour qu’un certain nombre de gens dans les rangs des forces de changement puissent se laisser embarquer dans un optimisme béat, comme si subitement un nouveau messie était apparu ? Quand le régime Biya confectionne un bouquet de fleur, il faut toujours s’attendre a ce qu’il soit bourre d’épines.

D’abord il ne faut pas oublier qu’il s’agissait d’un exercice a l’intérieur du système, du même acabit que les derniers renouvellements des organes de bases dans le RDPC. Le régime contrôlant fermement sa machine qu’il a réussi à installer dans le statut d’un parti unique, peut se permettre en interne des exercices démocratiques osés pour polir son image à l’extérieur.

Ensuite, les deux candidats au poste de président de la Fecafoot étaient des enfants du régime (même système), raison pour laquelle le gouvernement était carrément divisé en deux parties presque égales dans son soutien aux deux candidats.

Il n’est donc pas exclu qu’en cette période d’incertitudes multiples liées a l’effectivité de la CAN dans moins de de deux mois (stade d’Olembe, covid 19), les multiples défis sécuritaires, sans oublier l’impact dans l’opinion des propositions de réforme du code électoral rendues publiques récemment par les principaux partis d’opposition ainsi que la société civile, le régime ait voulu détourner l’attention des populations camerounaises vers ces joutes électorales sans intérêt majeurs à la tête de la Fecafoot. Il en a l’habitude et la dernière expérience a eu leu il y a moins d’un mois avec l’utilisation a l’Assemblée nationale du plan présidentiel de reconstruction des régions du Nord-Ouest, du Sud-Ouest et de l’Extrême Nord pour étouffer le débat sur la crise anglophone que l’opposition réclame depuis des années.

En fin de compte, la seule leçon que nous pouvons tirer de cette expérience, c’est qu’en politique comme en football, le pouvoir ne se donne pas, il s’arrache et qui veut peut. Le régime Biya ne concèdera jamais volontairement à un vrai changement démocratique dans ce pays. Les forces de changement doivent laisser de cote leurs querelles de chapelles car le vrai leadership ne se révèle que sur le champ de combat, et se préparer à le lui imposer ou faire une croix sur leurs ambitions.

E. FOPOUSSI FOTSO, Ministre en charge de l'Economie et des Finances au Shadow Cabinet du SDF.

 

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